Après la publication de la rémunération du président du directoire du groupe automobile PSA Peugeot Citroën, le sujet n'a pas fini de faire débat. Carlos Tavares a gagné 5,24 millions d'euros en 2015, soit près de deux fois plus que l'année précédente (2,75 millions). Le conseil de surveillance du groupe a estimé que le patron "avait rempli ses objectifs 2015 à hauteur de 99% et lui a attribué une rémunération variable de 1,93 million d'euros", précisait le communiqué.
Mardi29 mars, Bercy a confirmé une information des Echos, selon laquelle les deux représentants de l'Etat au conseil d'administration de PSA se sont opposés à la hausse de la rémunération du patron du groupe. L'exécutif recommande "une baisse de 30% de la rémunération du dirigeant" dans les entreprise où il dispose d'une participation minoritaire, précise le quotidien.
Et l'Etat n'est pas le seul à émettre des réserves. Si Carlos Tavares a bien redressé la situation économique de l'entreprise avant même le délai qu'il s'était fixé - PSA Peugeot Citroën a divisé par quatre sa perte nette en 2014 -, les syndicats dénoncent un partage inégal des fruits de ce succès.
"Quand on sait que les salariés ont eu une augmentation générale de 8 euros nets par mois, que ce soit pour les ouvriers ou les techniciens, et que monsieur Tavares va tourner à environ 14.500 Euros par jour, samedi et dimanche compris, c'est un véritable scandale", a réagi le délégué syndical central CGT de PSA, Jean-Pierre Mercier, au micro d'Europe 1.
"On a produit toutes ces richesses et on n'a absolument rien en retour", a dénoncé Jean-Pierre Mercier. Même son de cloche à la CFDT, dont le secrétaire général Laurent Berger a estimé dimanche sur BFM que "ce style de salaire fait beaucoup de mal à la cohésion sociale" et que les salariés avaient aussi "grandement" contribué au redressement du groupe automobile.
Sur France Info, Franck Don, délégué syndical de la CFTC à PSA, a fait part de son étonnement. "On ne peut qu'être stupéfait face à des chiffres aussi énormes et le fait qu'on puisse s'octroyer le double de sa rémunération".
Mais pour lui, ce n'est pas tant le montant du salaire qui pose problème. "Le fait qu'un patron performant, qui réussit à redresser une entreprise puisse toucher beaucoup d'argent : d'accord. Le souci n'est pas là. C'est l'écart des salaires qui est inacceptable."
L'Etat, actionnaire du groupe, se serait opposé à cette augmentation. Mais le délégué syndical dénonce "un bal des hyprocrites". "Si aujourd'hui, plus rien n'est maîtrisé, c'est de la faute des politiques. Il faudrait peut-être que les gouvernements de l'Europe mettent en place des garde-fous. Cela éviterait ce genre de dérives, qui me paraît injuste par rapport à la situation des salariés."
"Il faut savoir récompenser la réussite", a justifié ce mardi 29 mars Pierre Gattaz, président du Medef, au sujet de la polémique Carlos Tavares. "Il faut saluer, féliciter Carlos Tavares du redressement exceptionnel qu'il a fait de PSA (...), il a redressé en 18 mois un fleuron de l'industrie française". Certes, mais il n'était pas seul : comme l'a souligné Pierre Gattaz par ailleurs, le groupe compte 150.000 salariés.
"Cette société fait quand même [vivre] 150.000 personnes, 55 milliards de chiffres d'affaires. Il y a quelques années, elle a été obligée de s'adosser à un actionnaire chinois, faisait des pertes, 5 milliards. Il a redressé en quelques mois cette société qui était en perdition, qui allait sur les rochers. C'est un cargo."
Philippe Poutou, porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) est revenu ce mardi sur France Info sur les 5,24 millions d'euros de salaire que s'est accordé Carlos Tavares, PDG du groupe automobile PSA. "Les patrons sont cyniques, provocateurs, ça mériterait des grèves générales, ça mériterait qu'il y ait une colère sociale."
"C'est partout pareil : partout, on nous impose des augmentations autour de 1%, ce n'est jamais possible d'augmenter les salaires, a affirmé le candidat à la présidentielle de 2017. On nous dit que c'est la crise, et on voit bien qu'il y a des fortunes qui passent sous forme de dividendes pour des actionnaires. C'est partout le même mécanisme : on voit bien que tout cet argent, c'est de l'argent volé. Aux salariés, d'une part, parce que ça se passe non seulement par des gels de salaires, mais aussi par des réductions d'effectifs, par des conditions de travail dégradées. Et puis c'est d'autre part du vol sur l'argent public" a ajouté le porte-parole du NPA.
PSA : les 5,24 millions d'euros de Carlos Tavares passent mal
Le quasi doublement en 2015 de la rémunération du président du directoire du groupe automobile français fait tousser autant les syndicats que les représentants de l'Etat, actionnaire à hauteu...