Lundi 19 décembre, peu après 20 heures, le conducteur d'un véhicule de 38 tonnes articulé Scania R450 de couleur noire, immatriculé en Pologne et appartenant à la compagnie Ariel Zurawski, domiciliée à Szcecin, quitte la route, monte sur un trottoir et fonce délibérément sur la foule présente dans le marché de Noël situé sur la Breitscheidplatz, non loin de la célèbre église du Souvenir de Berlin, la capitale allemande.
Roulant à près de 65 km/h et les feux éteints, le camion parcourt une distance de 50 à 80 mètres, détruisant du mobilier urbain, des cabanes en bois ainsi que des décorations, et renversant les personnes qui se trouvaient sur son passage. Le conducteur a ensuite pris la fuite.
Cette attaque a fait 12 morts dont le chauffeur du camion et 56 blessés.
L’autopsie de Lukasz U, le chauffeur polonais retrouvé mort dans la cabine du camion, révèle qu’il était encore en vie au moment de l’attaque du marché de noël. Il était assis dans la cabine lorsque l’auteur présumé de l’attentat a foncé sur la foule.
Selon les enquêteurs, interrogés par Bild, l’homme se serait battu avec le terroriste et aurait saisi le volant pour tenter d’arrêter le camion. Il aurait alors été poignardé à plusieurs reprises, avant d’être abattu par l’auteur de l’attentat, qui a pris la fuite.
Le suspect présumé Anis Amri a été tué en Italie, à Milan, dans la nuit de jeudi à vendredi vers 3 heures du matin. Il a été contrôlé par la police, avant de sortir une arme "sans hésiter". Il a blessé l'un des policiers avant d'être abattu.
Le ministre italien de l'Intérieur, Marco Minniti, a confirmé et détaillé cet incident lors d'une conférence de presse peu après 11 heures vendredi 23 décembre.
Depuis lundi et l'attaque en Allemagne revendiquée par Daech, le demandeur d'asile tunisien âgé de 24 ans était l'objet d'une chasse à l'homme : les polices européennes étaient sur sa piste alors qu'il a fui les lieux du drame, laissant ses empreintes et un document d'identité dans la cabine du poids lourd.
La police allemande offrait jusqu'à 100.000 euros de récompenses pour toute indication permettant sa capture, mais l'avis de recherche n'a été lancé que dans la nuit de mardi à mercredi, lui laissant du temps pour disparaître.
Anis Amri connaissait l'Italie. Avant de s'installer en Allemagne en juillet 2015, il avait passé quatre ans dans le pays après être arrivé de Tunisie via l'île de Lampedusa en 2011. La justice italienne l'avait condamné pour avoir mis le feu à une école à quatre ans de prison.
Berlin est sous le feu des critiques pour ses dysfonctionnements dans l'enquête, d'autant que l'homme faisait l'objet d'un signalement pour sa dangerosité au centre national de lutte antiterroriste.
La chancelière allemande Angela Merkel a donné une conférence de presse ce vendredi après 15 heures : "Le terrorisme est un défi pour nous tous et il est bon de savoir comme nous sommes tous résolus à le combattre", a-t-elle lancé, en saluant la coopération européenne.
Angela Merkel précise que "l'enquête n'est pas terminée, les enquêteurs poursuivent des pistes pour mettre à jour des réseaux de complices". Ils veulent savoir "qui l'a soutenu, qui l'a couvert, s'il y a d'autres coupables, et nous les traînerons en justice", a aussi indiqué la chancelière.
"J'ai parlé avec le président tunisien et nous avons passé en revue tous les aspects de nos liens, il y a une coopération intense entre nos deux pays en matière de lutte contre le terrorisme. J'ai dit au président tunisien que les procédures de rapatriement devraient être accélérées et que le nombre de personnes expulsées vers la Tunisie devrait augmenter à l'avenir."
"Le danger que représente le terrorisme perdure. Pour moi comme pour le gouvernement allemand, le devoir suprême de l'État est de protéger ses citoyens. Notre démocratie, notre État de droit, nos valeurs, notre humanité doivent être en opposition avec la haine et avec le terrorisme", a dit Angela Merkel.
La police allemande continue à chercher si l'auteur présumé de l'attentat de Berlin, abattu à Milan, a bénéficié de soutiens ou disposait de complices, a annoncé vendredi le procureur anti-terroriste Peter Frank.
"Pour nous maintenant il est d'une grande importance de déterminer si dans la préparation et l'exécution de l'attentat et la fuite du suspect il y a eu un réseau de soutien, un réseau d'aide, des complices ou des personnes qui l'ont aidé", a-t-il souligné devant la presse.
Les enquêteurs veulent en particulier reconstituer le parcours du Tunisien depuis Berlin jusqu'à Milan afin d'établir s'il a bénéficié de complicités, d'aides notamment de son réseau de connaissances, a expliqué Peter Frank.
La question se pose en effet de savoir comment il est parvenu à quitter l'Allemagne au nez et à la barbe de toutes les polices du pays. "Nous sommes en contact avec les autorités italiennes", a-t-il ajouté.
La SNCF confirme qu’un billet de TGV Chambéry-Turin a été retrouvé sur le supect de l'attaque Anis Amri.
"Ce n’est pas très étonnant, car lorsque vous voulez voyager en Europe sans vous faire remarquer, il vaut mieux être en règle. Un terroriste est rarement quelqu’un qui est un fraudeur", a réagi Guillaume Pépy, le directeur de la SNCF, interrogé sur le sujet par RTL.
Le directeur a évoqué la présence "des cheminots de la surveillance SNCF en civil et armés dans les trains", effective depuis quelques jours. Une disposition qui avait été annoncée en avril, et qui s’inscrit dans le cadre de plusieurs mesures de renforcement de la sécurité dans les trains.
Il s’agit notamment de celles inscrites dans la "loi relative à la prévention et à la lutte contre les incivilités, contre les atteintes à la sécurité publique et contre les actes terroristes dans les transports collectifs de voyageurs", dite "loi Savary", adoptée en mars.