Plus de 282.000 manifestants ont participé samedi aux différents blocages organisés par les "gilets jaunes" partout en France qui ont provoqué la mort d'une personne et blessé 409 autres, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Quatorze personnes sont gravement blessées, a précisé le ministère.
Le mouvement a été endeuillé par le décès d'une manifestante sur un barrage situé sur un rond-point du Pont-de-Beauvoisin (Savoie).
Selon les premiers éléments, l'accident est survenu lorsqu'une 4x4 Audi s'est présentée devant le barrage, non déclaré auprès de la préfecture. Au volant, une femme de 43 ans, accompagnée de sa fille malade qu'elle voulait emmener chez le médecin. Les "gilets jaunes" ont refusé de la laisser passer et donné des coups sur la voiture. Il semblerait alors que la conductrice ait paniqué.
"Elle a mis un premier coup d'accélérateur, un second. Et au troisième, elle a foncé et renversé Chantal, l'écrasant littéralement avec les roues avant et arrière. C'était terrible. On a tout de suite compris qu'il n'y avait plus rien à faire", a raconté Sandrine, témoin du drame, au Parisien ."Mourir comme ça, c'est injuste", a déclaré, en larmes, l'une des voisines de la victime de 63 ans, qui habitait à Domessin (Savoie).
Ancienne animatrice d'arts plastiques, veuve, Chantal était mère de quatre enfants et grand-mère de plusieurs petits-enfants. Sa fille Alexandrine, elle aussi mobilisée avec les "gilets jaunes", a décrit une femme qui "venait juste de prendre sa retraite et avait vraiment la sensation que son niveau de vie allait devoir baisser". "Elle était un peu inquiète, surtout pour ses enfants et ses petits-enfants pour la suite", a souligné la jeune femme sur RTL.
La fille de la victime, qui a évoqué un "choc terrible", a appelé "au calme et à l'intelligence", insistant sur le fait qu'elle ne voulait pas "que les gens se laissent submerger par la colère", qui "n'amène jamais rien de bon".
Elle ne compte pas en rester là et va se battre pour que justice soit faite. Elle en veut à la conductrice qui "a brisé plus qu'une vie". Il y a la douleur mais aussi tout ce qu'il y a à côté : "Je pouvais travailler parce que ma mère était là. Je ne sais comment je vais tenir les écuries maintenant".
Selon Alexandrine, si la situation du pays était différente, "il n'y aurait pas les gilets jaunes dehors et ma mère ne serait pas morte". Elle compte porter plainte contre le gouvernement même si elle reconnait qu"'il est impliqué indirectement".
Samedi, sur plusieurs lieux de rassemblement des "gilets jaunes", des minutes de silence ont été respectées en la mémoire de Chantal Mazet.
Plusieurs responsables politiques, ont présenté leurs condoléances aux proches de la victime.
Une enquête, ouverte pour homicide involontaire, devra déterminer les circonstances du drame. La conductrice incriminée, en "état de choc", a été interpellée et placée en garde à vue, samedi 17 novembre.
Elle est poursuivie "pour violences volontaires avec arme par destination (la voiture) ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a précisé ce dimanche le parquet de Chambéry. Sa garde à vue a été levée dimanche matin et elle a été placée sous contrôle judiciaire.