Vendredi 8 novembre, peu avant 15 heures, un jeune homme âgé de 22 ans, originaire de Saint-Étienne a tenté de se donner la mort en s’aspergeant d’essence et en y mettant le feu, en pleine rue devant le bâtiment du CROUS de Lyon. Il est brûlé à 90 % et son pronostic vital était engagé, samedi à la mi-journée, selon le procureur de Lyon.
Selon l'université Lyon-2, l'étudiant d'origine stéphanoise était toujours entre la vie et la mort samedi soir au Centre des brûlés de l'hôpital Édouard Herriot de Lyon.
La victime a laissé un message sur son compte Facebook, relayé après son geste par la fédération de syndicats Solidaires étudiant-e-s sur son compte twitter. Dans ce texte, l'étudiant précise ne pas avoir choisi le CROUS par hasard : “Je vise un lieu politique, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et par extension, le gouvernement.”
Le jeune homme évoque ensuite la précarité de sa situation et revendique : “Cette année, je n’avais pas de bourse, et même quand j’en avais, 450 € par mois, est-ce suffisant pour vivre ?” demande l'étudiant qui dit avoir triplé sa deuxième année de licence. “Doit-on continuer à survivre comme nous le faisons aujourd’hui ?”. Faisant lui-même partie de Solidaires étudiant-e-s, il évoque les revendications de son syndicat : “avec le salaire étudiant, 32 heures de travail par semaine, pour ne plus avoir d’incertitudes vis-à-vis du chômage, qui conduit des centaines de personnes comme moi chaque année à ma situation et qui meurent dans le silence le plus complet”.
Il appelle à lutter “contre la montée du fascisme, qui ne fait que nous diviser, et du libéralisme qui crée des inégalités.”
Le jeune termine son message en accusant des hommes politiques, l'UE et les éditorialistes : “J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes, j’accuse aussi Le Pen et les éditorialistes d’avoir créé des peurs plus que secondaires."
Solidaires étudiant-e-s parle du jeune homme comme quelqu'un "en grande précarité financière, privé de bourse, désespéré". La fédération poursuit : “Ce sont bien ces institutions inhumaines, cette précarité, cette violence trop commune que l’État et l’Université exercent contre les étudiant-e-s dans l’indifférence générale qui ont guidé son geste, profondément politique, acte désespéré mais aussi et surtout geste de lutte contre un système fascisant et raciste qui broie. Elles sont à ce titre responsables et coupables."
La précarité détruit nos vies.
— Solidaires Étudiant-e-s Lyon (@SolEtuLyon) November 9, 2019
Depuis hier après-midi, un de nos camarades et ami est entre la vie et la mort, à l’hôpital. En grande précarité financière, privé de bourse, désespéré, il s'est immolé par le feu devant le bâtiment du CROUS de Lyon. pic.twitter.com/n6q9aKvQ0r
La direction de l'établissement indique n'avoir jamais été alertée de la situation du jeune homme. "Nous n'avions pas connaissance de difficultés personnelles concernant cet étudiant, très impliqué au sein des instances de l'établissement", a déclaré la présidente de l'université Lyon-2 Nathalie Dompnier.
Un dispositif de soutien psychologique a été mis en place avec les services d'urgence, tandis qu'une cellule d'écoute sera mise en place dès mardi sur le campus Porte des Alpes pour les étudiants et les équipes, ajoute-t-elle, en précisant qu'un numéro vert spécifique devrait aussi être mis en place la semaine prochaine.
Samedi matin, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal s'était rendue à Lyon pour rencontrer la présidente de l'université et les équipes du CROUS pour leur faire "part de sa profonde émotion face à l'acte dramatique" du jeune étudiant.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de son geste.