Invité sur BFM TV et RMC, le premier ministre, Manuel Valls, a estimé jeudi 25 août que les arrêtés municipaux anti-burkini n’étaient pas "une dérive".
Manuel Valls répondait ainsi à la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, qui venait de déclarer sur Europe 1 que la "prolifération" de ces arrêtés n’était "pas la bienvenue". "Jusqu’où va-t-on pour vérifier qu’une tenue est conforme aux bonnes mœurs", s’est interrogée la ministre.
La ministre de l'Éducation nationale a expliqué que ces arrêtés "libéraient la parole raciste". "Rien n’établit de lien entre terrorisme, Daech, et tenue d’une femme sur une plage.
"Evidemment que je suis contre le burkini - En tant que féministe, laïque, progressiste, mon rêve de société est une société où les femmes sont fières et libres de leur corps. Ce qui m’inquiète, a-t-elle nuancé, c’est de voir des responsables politiques de droite exploiter les peurs des gens."
Le premier ministre réitère son soutien aux maires qui prennent des arrêtés anti-burkini dont "l’application", dit-il, doit toutefois se faire "avec discernement".
Le 17 août, il avait affirmé que le port du burkini n’était "pas compatible avec les valeurs de la France et de la République".
Interrogé au sujet des critiques émises par la presse internationale, le premier ministre tranche : "La France est un pays différent". "La conception libérale des Anglo-Saxons n’est pas la mienne .(...), a-t-il dit.
Concernant la verbalisation d’une Toulousaine portant un simple voile sur la tête à Cannes. Il a jugé à ce propos que "tout ce qui peut apparaître comme une stigmatisation" est "évidemment condamnable".
"Nous ne sommes pas en guerre contre l’islam, qui a toute sa place dans la République.(...) La République est bienveillante avec les musulmans, nous les protégerons contre les discriminations", a dit Manuel Valls.
Le Premier ministre a toutefois exclu de légiférer sur la question. "Je crois à la nécessité parfois pour le Parlement d'assumer ses responsabilités, il l'a fait en interdisant les signes ostentatoires à l'école et en même temps, il faut être lucide. Tout ce qui concerne la façon de s'habiller ne peut pas être réglementée par la loi", a affirmé Manuel Valls.
Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur a soutenu le premier ministre et exigé à la fois une "fermeté absolue sur la laïcité" et une "proportionnalité" dans la mise en œuvre de ces arrêtés :
"Comme l’a indiqué le premier ministre, on peut prendre ces arrêtés mais il faut prendre dans un contexte où ils permettent de faire cesser les troubles à l’ordre public sans jamais perdre de vue la fraternité."
Mercredi 24 août, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a mis en garde contre la "stigmatisation" des musulmans, après la diffusion des images d’une femme contrôlée sur la plage de Nice, porteuse d’un simple voile.
Stéphane Le Foll, porte parole du gouvernement, a pour sa part déclaré su iTELE : "On a vu des arrêtés pris dans des endroits où il n'y avait aucun problème, aucun trouble. Les maires qui les ont pris, certains avaient des raisons". Mais "attention au risque de dérapage, de dérive et de stigmatisation".
Nicolas Sarkozy, l'ancien chef de l'État et candidat à la primaire de la droite et du centre appelle, à légiférer pour interdire "tout signe religieux à l’école mais également à l’université, dans l’administration et aussi dans les entreprises". Pour lui, "ne rien faire" contre le burkini "serait acter un nouveau recul de la République".
Le Front national va plus loin, en se prononçant pour "une loi d’interdiction générale des signes religieux ostensibles dans l’ensemble de l’espace public".