Au moins sept personnes cinq patients dont un enfant et deux membres du personnel ont été tuées lors du bombardement d’un hôpital soutenu par Médecins sans frontières (MSF), lundi 15 février, à Maarat Al-Nouman, dans le nord de la Syrie. Huit autres membres du personnel sont portés disparus. Situé dans une région de la province d’Idlib, tenue par l’opposition, l’hôpital et ses 54 personnels de santé desservaient une population de 40.000 habitants.
Présent en Syrie depuis 2012, MSF gère trois hôpitaux et soutient 153 structures de santé dans tout le pays, financièrement et matériellement.
Le docteur Mego Terzian, président de MSF France, dénonce le ciblage de plus en plus systématique des structures de santé en Syrie :
Cinq hôpitaux soutenus par MSF ont été bombardés depuis le début de l’année 2016, avec un bilan assez grave : quatorze décès parmi le personnel. En tout, dix-sept structures de santé ont été bombardées en Syrie en six semaines. L’équipe de l’hôpital bombardé ce lundi, à Maarat Al-Nouman, était visée pour la troisième fois depuis le début de la guerre.
Les quatre roquettes ont été envoyées par la coalition menée par le gouvernement de Damas. Et c’était délibéré, c’est certain, car quatre roquettes en quelques minutes, au même endroit, visant le bâtiment de l’hôpital, ça ne peut pas être un incident ou un hasard.
Clairement, cet hôpital a été visé parce qu’ils estiment que l’hôpital soignait des populations ou des combattants qui leur sont hostiles. Avec le début de l’intervention russe, les bombardements se sont intensifiés. Ils mènent la même politique de destruction qu’à Grozny, en Tchétchénie : une politique de bombardements massifs sans discrimination. C’est une politique de terre brûlée.
ils savent très bien que ce sont des hôpitaux et c’est inadmissible qu’ils les ciblent. Je suis certain que dans la majorité des hôpitaux, comme cela est le cas dans nos structures, la loi qui veut qu’aucune arme ne rentre est respectée. Nous soignons aussi bien les civils que les combattants blessés ou les terroristes, car on a l’obligation en tant que médecin de prendre en charge tous les patients, tant qu’aucune arme n’entre dans nos structures de santé.
Ces structures doivent donc être protégées. Même la guerre a des règles, des conventions qui s’appliquent. Mais ce n’est pas le cas malheureusement en Syrie depuis le début du conflit et cela s’est accentué avec l’aviation russe qui a commencé à bombarder fin septembre 2015.
C’est une politique de terreur pour effrayer les populations et empêcher qu’ils se fassent soigner. Car, pour eux, s’ils ont décidé de rester en zone rebelle, ce sont leurs ennemis.
L’hôpital est entièrement détruit. Il couvrait 40 000 personnes avec une trentaine de lits, deux blocs opératoires, une salle d’urgence et une salle de consultations externes. Donc, jusqu’à nouvel ordre, 40 000 personnes n’ont pas accès aux soins, que ce soit la médecine générale, l’obstétrie ou les victimes de violence.
Ils ne peuvent pas non plus se déplacer pour aller ailleurs, c’est trop dangereux. En gros, 120. 000 personnes dans la zone n’ont pas accès aux soins.
Le choix de MSF va être de continuer à appuyer cette structure, car ce sont des locaux et ils vont vouloir relancer leur activité. On va être obligés de les aider. On ne peut pas les abandonner car ils doivent continuer à soigner leur population.
La situation dans toutes les zones assiégées est catastrophique. On a zéro accès aux soins. Depuis plusieurs mois, nous n’arrivons plus à envoyer des médicaments.C’est pareil à Alep où il y aura bientôt 300.000 personnes assiégées.
C’est une guerre à huis clos où l’on massacre les gens. On bombarde les hôpitaux et les camps de déplacés et tout le monde est indifférent. Les accords de Munich du 12 février, qui parlaient d’un accès humanitaire prochainement, ne seront à mon avis pas appliqués. C’est le chaos.
Syrie : " Des roquettes tirées par la coalition menée par le gouvernement de Damas "
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