La famille d'Adama Traoré, mort lors de son interpellation le 19 juillet à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), avait déjà déposé jeudi une plainte, avec constitution de partie civile auprès du tribunal de Pontoise pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.
Elle a également décidé de porter plainte à l'encontre d'une gendarme pour "faux en écritures publiques aggravés, dénonciation calomnieuse et modification de scène de crime", a appris France 3 auprès de son avocat, Me Yassine Bouzrou, samedi 6 août.
Dans la plainte transmise vendredi au procureur de la République de Pontoise, et que France 3 a pu consulter, l'avocat de la famille Traoré accuse une gendarme de l'Isle-Adam (Val-d'Oise) d'avoir reporté de fausses informations dans un procès-verbal rédigé au soir de la mort d'Adama Traoré, et censé relater le déroulement de l'interpellation durant laquelle le jeune homme a trouvé la mort.
"Les affirmations de ce procès-verbal, selon lesquelles Adama Traoré aurait commis des violences à l'égard d'un gendarme, sont contredites par tous les éléments de la procédure, et notamment les déclarations dudit gendarme."
Or, cette gendarme qui a rédigé le procès verbal "avait nécessairement conscience de la fausseté des mentions qu’elle inscrivait sur le procès verbal, puisqu’elle avait conversé avec ses collègues avant de le rédiger".
"Il est donc permis de penser qu’elle l’a rédigé dans le dessein de protéger ses collègues et de nuire à la manifestation de la vérité dans le cadre de l’enquête relative aux causes de la mort de Monsieur Adama Traoré", estime Me Yassine Bouzrou.
La mort d'Adama Traoré, 24 ans, qualifiée de "bavure" par ses proches, a entraîné plusieurs nuits de violences à Beaumont-sur-Oise et dans les communes voisines.
Il a été interpellé lors d'une opération qui visait son frère Bagui, suspecté d'extorsion de fonds. Vers 17 heures, les gendarmes effectuent un contrôle d'identité sur Adama Traoré, qui se trouve dans son quartier avec son frère et la petite amie de ce dernier.
"Quand il a vu qu'on voulait l'interpeller, il a posé son vélo et est parti en courant", a relaté l'un des gendarmes. Rattrapé, il parvient à s'échapper et se réfugie dans un appartement. Une demi-heure plus tard environ, les gendarmes y pénètrent et "distinguent une forme humaine par terre, comme cachée dans un drap".
Après son arrestation, le jeune homme leur dit avoir des "difficultés à respirer". Il perd connaissance lors de son transport vers la brigade de la ville voisine de Persan.
Au moment de le sortir du véhicule, les gendarmes le mettent en position latérale de sécurité et appellent les secours, qui constateront le décès à 19 h 05.
Selon les rapports d'autopsie cités par l'avocat de la famille, l'homme de 24 ans, décédé le 19 juillet lors de son interpellation par des gendarmes, a manqué d'oxygène.
Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon une source proche de l'enquête citant les déclarations de l'un des gendarmes.
Cette technique destinée à le maîtriser pourrait, selon Me Yassine Bouzrou, être à l'origine du "syndrome asphyxique" constaté lors de deux autopsies.