La mort de deux jeunes de 17 et 19 ans a déclenché des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre dans la nuit de samedi à dimanche 3 mars. Leur scooter était suivi par un véhicule de police.
Dimanche 10 Mars, le préfet de l'Isère, Lionel Beffre s'est rendu sur place pour rencontrer les forces de l'ordre et leur apporter son soutien dans ces périodes de tension.
Lundi 11 Mars c'est au tour du président Les Républicains (LR) du Conseil Régional Laurent Wauquiez de se déplacer pour venir constater les dégâts subis dans ce quartier grenoblois.
Il a visité l'IFSI, l'Institut de formation en soins infirmiers dépendant du CHUGA complètement ravagé par un incendie lors de la première nuit de violences. Le bâtiment est en partie financé par la Région. Il s'est également rendu non loin de là, à la pépinière d'entreprises Artis qui a aussi été touchée lors de ces émeutes.
"Il faut se poser les bonnes questions. Un institut saccagé, un bâtiment de 16 millions d'euros détruit, est-ce que c'est ça la République ?", a interrogé Laurent Wauquiez devant la presse. "Rien ne justifie ça en France. J'interpelle très clairement le gouvernement. Ce n'est pas normal qu'il ne soutienne pas plus les policiers. Il doit rétablir l'ordre."
Devant la presse, Wauquiez a invité les habitants du Mistral à prendre leur quartier en main : "Arrêtez de baisser les yeux et les bras. Il faut aider les forces de l'ordre à mettre un terme à cette situation", a-t-il lancé, estimant que ceux qui ne leur font pas confiance "ont tort": "il faut leur faire confiance, ce sont elles qui nous protègent".
Le préfet de l’Isère a immédiatement réagit par l’intermédiaire d’un communiqué dans lequel il rappelle qu’il s’est rendu dès la semaine passée dans le quartier Mistral pour apporter son soutien aux forces de l’ordre. Il a précisé qu’il a obtenu d’importants renforts pour juguler les épisodes de violences des 2, 3 et 4 Mars. "Ces renforts ont mobilisé plusieurs centaines de fonctionnaires de police et de gendarmes mobiles ainsi qu’un hélicoptère d’observation des forces de l’ordre."
Sur son compte twitter le président LR interpelle le gouvernement "votre premier devoir, c'est le maintien de l'ordre."
Déplacement à #Grenoble, dans le quartier du #Mistral qui est en feu depuis une semaine. L'institut de formation de la Croix-Rouge a été dévasté. Il avait coûté plusieurs millions d'euros ! J'interpelle le gouvernement : votre premier devoir, c'est le maintien de l'ordre. pic.twitter.com/8cnA9b0vsV
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 11 mars 2019
Samedi 2 mars, deux jeunes isérois ont perdu la vie dans un dramatique accident de la route survenu en plein centre-ville de Grenoble . leur moto est entré en collision avec un autocar.
Une enquête a été ouverte pour identifier les responsables de cet accident. Les deux victimes étaient des adolescents isérois, âgés de 17 et 19 ans. Ils ont été déclarés décédés par le médecin du Smur sur place.
Le car transportait 16 personnes, un club de footballeurs amateurs de l'agglomération grenobloise, et sortait de l'A480 en direction de la banlieue ouest de Grenoble.
Les deux jeunes gens, originaire du quartier Mistral, circulaient sans casque et ont refusé de s'arrêter à un contrôle de police, selon le Dauphiné Libéré. Après minuit, une quarantaine de personnes a tenté d'envahir une caserne de CRS voisine du quartier Mistral.
Selon le délégué du syndicat Alternative Police-CFDT pour la zone, François Nedelec, les CRS n'étaient alors que deux à garder la caserne et le matériel entreposé. Ils auraient fait usage de gaz lacrymogènes pour contenir les assaillants jusqu'à l'arrivée de renforts.
La tension est brusquement montée dans le quartier. Entre minuit et 5h du matin, huit voitures et une camionnette ont été incendiées, et des dégâts importants ont eu lieu au rez-de-chaussée d'un immeuble avenue Rhin et Danube.
À plusieurs reprises, lorsque les pompiers éteignaient les flammes, des "jeunes en colère", ont perturbé les interventions. Les affrontements avec la police n'ont pas tardé. Une centaine de personnes cagoulées ont dressé des barricades enflammées dans le quartier Mistral et jeté des projectiles ainsi qu'une trentaine de cocktails Molotov sur des policiers de la sécurité publique.
Le Procureur de la République a livré quelques explications sur le déroulé de l'accident de scooter qui a causé la mort de deux personnes samedi 2 mars en soirée
Selon le procureur Éric Vaillant, les deux passagers du scooter sont morts après avoir été coincés entre le flanc d'un bus qui circulait sur une voie d'accès à l'A480 et le parapet de cette même bretelle. Voyant arriver derrière lui un scooter suivi à distance par une voiture de police aux gyrophares allumés, le conducteur de l'autocar s'est déporté sur la droite afin de laisser passer les deux autres véhicules. Mais au même moment, le scooter décide de doubler le bus par la droite et se retrouve donc coincé et écrasé.
Les analyses toxicologiques du chauffeur étaient totalement négatives : "Nous avons affaire à un professionnel", a expliqué le Procureur. Éric Vaillant a par ailleurs insisté sur le fait qu'il n'y a eu "aucun choc" entre le scooter et la voiture de police, un véhicule banalisé de la Brigade anti-criminalité, qui le suivait à distance.
Le procureur a lancé également un appel à témoins : le scooter, avant le tragique accident, aurait effectué une queue de poisson à un véhicule blanc. Le ou les occupants de ce véhicule sont priés de se rapprocher des services de police car "leur témoignage est très important".
Concernant les deux victimes, le Procureur a confirmé leur âge : 17 et 19 ans. Tous les deux étaient connus des services de police pour des faits de petite délinquance. Samedi 2 mars, ils circulaient sur un scooter volé, un Yamaha T-Max d'une cylindrée de 125 centimètres cubes.
il semblerait que ce scooter et ses passagers aient été à l'origine de nombreuses infractions routières tout au long de la soirée : les deux jeunes roulaient sans casque, sans éclairage, sans plaques d'immatriculation, à une vitesse élevée et circulaient même sur les trottoirs dans le secteur du Cours Jean-Jaurès.
Le scooter a été repéré dès 21 heures par la police municipale après avoir percuté les rétroviseurs de plusieurs véhicules stationnés sur le Cours. Il est alors signalé et pris en filature après avoir "mis en danger d'autres usagers de la route".
Le Procureur a tenu à souligner que les policiers avaient respecté la procédure en vigueur dans ce genre de circonstances à savoir un suivi discret et l'absence de contact avec le deux-roues incriminé. Il a confirmé le lien entre cet accident mortel et les violences qui ont secoué le quartier Mistral toute la nuit.
Mercredi 6 mars 2019, une marche blanche était organisée à 16 heures, afin de rendre hommage à Adam et Fatih, les deux jeunes du quartier Mistral, décédés dans un accident de scooter.
Trois jours seulement après la mort des deux victimes, la marche blanche a réuni près de 2.000 personnes. Une marche calme et silencieuse, avec des habitants du quartier Mistral, mais également des habitants de Grenoble, de toutes générations confondues, tenaient à la main des roses blanches.
La famille se trouvait en tête du cortège. Le maire de la ville, Eric Piolle, était également présent, ainsi que les forces de l'ordre.
Le cortège a d'abord traversé le quartier Mistral, et parcouru la grande avenue Rhin et Danube. Après la marche, les parents des deux victimes ont pris la parole lors d'une conférence de presse.
Un bref moment d'apaisement, le temps de rendre hommage aux deux jeunes de la cité tués en scooter, avant que les violences ne reprennent en soirée.
Vers 21h00, plusieurs voitures ont été retournées et incendiées tandis que des pierres et des cocktails molotov étaient lancés depuis les toits des immeubles sur les forces de l'ordre.
Tard dans la soirée, deux personnes porteuses d'objets dangereux (couteaux, mortiers, jerricane d'essence...) ont été interpellées, a indiqué la préfecture.