Le 19 juillet dernier, le chef d'état major des Armées Pierre de Villiers annonçait sa démission dans un communiqué de presse : "Je considère ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd'hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j'ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au président de la République, qui l'a acceptée", écrivait-il.
"Aucun chef d'état-major des armées n'a jamais démissionné sous la Ve République. Et pourtant, je vais présenter ma démission". Ces mots du général Pierre de Villers reviennent dans son livre de 250 pages, intitulé "Servir" (Editions Fayard), disponible en librairie depuis mercredi. "Je suis soldat, je suis d'une loyauté totale, l'objectif du livre est d'expliquer qui nous sommes nous, militaires".
Invité de RTL ce vendredi 10 novembre, Pierre de Villiers affirme "ne rien regretter", mais parle néanmoins d'un "gâchis". "On aurait pu faire autrement, sur le fond et sur la forme", explique-t-il.
Le 12 juillet dernier Pierre de Villiers avait vivement critiqué les coupes de crédits dans le budget de la Défense. Lors d'une audition à huis clos à l'Assemblée nationale, il avait déclaré notamment qu'il "n'allait pas se laisser baiser" et que la situation "n'était pas tenable".
Le 13 juillet, Emmanuel Macron avait recadré sans le nommer celui qui était encore le chef d'état major des Armées, lors d'un discours à l'hôtel de Brienne à Paris : "Je suis votre chef. (...) Je n'ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire". Le chef de l'État faisait référence à la coupe de 850 millions d'euros appliquée au budget des armées, que Pierre de Villiers n'avait pas acceptée.
“Ce n’est pas un sentiment d’humiliation personnelle, je n’ai aucun problème personnel dans cette affaire" a expliqué Pierre de Villiers. "Je ne suis pas un homme de pouvoir, je suis un homme de responsabilité. Et je savais qu’à un moment ou un autre ma responsabilité allait être terminée".
"J'ai démissionné pour deux raisons", précise l'ex-chef d'état major des Armées. Je pensais qu'il fallait faire un effort budgétaire. La deuxième raison, c'est effectivement ce discours, la veille du 14 juillet, cette grande fête du lien entre l'armée et sa nation. Et là, devant le monde de la défense, devant les familles des soldats décédés, devant les blessés, devant mon homologue américain, j'ai estimé que les propos du Président étaient suffisamment forts pour altérer le lien de confiance indispensable entre le chef des armées et le chef d'état major".
Dans son livre, Pierre de Villiers conclut sur la haie d'honneur et les applaudissements que les personnels du ministère de la Défense lui ont réservé le jour de son départ. Il conserve le sentiment d'être resté jusqu'au bout "loyal" et d'avoir toujours tout dit, "le silence" étant "parfois proche de la lâcheté".