Le parquet de Paris a ouvert, mercredi 5 avril, une information judiciaire contre X pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, commise par personne dépositaire de l'autorité publique et avec usage d'une arme", a rapporté une source judiciaire à franceinfo.
Dimanche 26 mars, Shaoyao Liu avait été mortellement touché par le tir d'un policier, alors qu'il agressait avec des ciseaux un autre agent, selon la police.
Cette version des faits est contestée par la famille, qui affirme que cet homme de 56 ans "n'a blessé personne", qu'il était avec ses enfants et qu'il tenait ces ciseaux parce qu'il était en train de préparer du poisson à son domicile, dans le 19e arrondissement de Paris.
Sa mort a entraîné, pendant plusieurs jours, des rassemblements. Les manifestants réclament que toute la lumière soit faite sur les circonstances du drame.
Les trois fonctionnaires de la brigade anticriminalité (BAC) du 19e arrondissement, ont été entendus, le vendredi 31 mars, dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Ils ont confirmé leurs premières déclarations.
6.000 personnes se sont rassemblées dimanche 2 avril, place de la République, à Paris, pour lui rendre hommage et pour demander que justice soit rendue.
La durée de cette mobilisation "est inhabituelle, tout à fait inédite", a réagi lundi sur franceinfo Rui Wang, président de l'association des jeunes Chinois de France.
Rui Wang "ne croit pas que le policier ait tiré parce qu'il a vu un asiatique ou un Chinois. À partir de là, on ne peut pas mélanger toutes les affaires. Dans celle de Liu Shaoyao, il n'y a pas d'histoire de racisme, même si je reste persuadé qu'il y a eu un usage disproportionné de la force".
"Le parquet se rend compte qu'il y a des zones d'ombres à éclairer. C'est un bon message envoyé aux victimes quant à la volonté de la justice de lever tous les doutes sur ce qui s'est réellement passé ce soir-là", a réagi l'avocat de la famille, Maître Calvin Job.
D'après les analyses toxicologiques, Shaoyao Liu n'était pas sous l'emprise de stupéfiants ou de médicaments au moment des faits. Il avait un taux d'alcool de 0,71 gramme par litre de sang.
La mort de Shaoyao Liu a déclenché la colère d'une partie de la communauté chinoise à Paris, dont des centaines de membres ont manifesté à plusieurs reprises.
Plusieurs incidents ont eu lieu et des dizaines de manifestants ont été placés en garde à vue après le rassemblement du lundi 27 mars.
Trois policiers de la compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI 75) ont été blessés légèrement. Un véhicule de police a été endommagé par un engin incendiaire, ainsi que trois automobiles appartenant à des particuliers.
Mardi 28 mars, la Chine a demandé à la France de garantir "la sécurité et les droits" de ses ressortissants et "exigé" que Paris fasse "toute la lumière sur cette affaire".
La sécurité des ressortissants chinois est "une priorité des autorités françaises", a répondu le ministère français des Affaires étrangères.