Attention, images choquantes
L’association de protection animale L214 filme pour la première fois l’abattage de vaches gestantes. Les images, insoutenables, ont été tournées en mai à Limoges, dans le plus grand abattoir municipal de France, avec 1.000 bovins et 1.500 ovins tués par semaine.
des veaux de toutes tailles, à tous les stades de développement, sont extirpés des utérus de leurs mères, tuées quelques instants auparavant.
"On jette le veau dans une poubelle pleine de merde. Parfois, il bouge, comme s’il était vivant. On fait ça tous les jours, au moins cinquante fois par semaine. Comment on peut les tuer, nom de Dieu ? Des vaches pleines et des veaux qui sont en train de sortir", s’indigne, dans un entretien au Monde, Mauricio Garcia-Pereira.
Cet Espagnol de 47 ans est l’ouvrier qui a filmé avec une caméra GoPro ces scènes qu’il juge "affreuses et criminelles". C’est la première fois qu’un lanceur d’alerte témoigne à visage découvert dans le monde occulte des abattoirs. Alors qu’il travaille depuis sept ans dans l’établissement de Limoges, il dit ne "plus y arriver". "Je sais que je vais perdre mon travail. Je l’espère même, assure-t-il. Je veux que le peuple français soit au courant."
Révolté de l'abattoir de Limoges, il a contacté l'association L214 pour rendre publique cette pratique méconnue et pourtant fréquente dans les abattoirs.
"Il n’y a plus de limite à ce qu’on peut faire aux animaux", dénonce Sébastien Arsac, porte-parole de L214. L’association, qui prône la fin de l’exploitation animale, lance une pétition demandant au ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll de soumettre un projet de loi pour interdire la mise à mort de vaches, au moins lors des trois derniers mois de leur gestation (qui dure neuf mois et deux semaines chez les bovins).
La pratique de l'abattage de vaches gestantes n'est pas illégale en France. Elle est même courante, comme le montrent cette vidéo et ce témoignage, non seulement en France mais dans le reste de l'Europe. Selon une étude de l'Autorité européenne de sécurité des aliments, 10 à 15% des vaches sont encore pleines lorsqu'elles sont abattues.
Au-delà des vaches gestantes, l’abattoir de Limoges enfreint plusieurs réglementations concernant l’abattage des bovins, des agneaux et des cochons. D’autres vidéos diffusées par L214 jeudi, filmées entre août et fin septembre, montrent, une fois de plus, des animaux maltraités. Des coups d’aiguillons électriques sont assénés, y compris dans les yeux, à des animaux qui luttent désespérément pour leur vie. Les étourdissements ratés sont si fréquents que, d’après les grilles de la FAO (Organisation des Nations unies), cette situation est considérée comme grave et inacceptable.
L’ abattoir de Limoges est le septième abattoir dont L214 montre les pratiques. Dans chacun d’entre eux, l’enfer que vivaient les animaux était évident. Abattage avec étourdissement au pistolet, au gaz, par décharge électrique, abattage sans étourdissement, abattoir standard, certifié bio ou sous label : les animaux meurent dans des souffrances effroyables.
L214 annonce porter plainte contre l’abattoir auprès du Tribunal de grande instance de Limoges.