François Hollande fait l'unanimité contre lui après ses confidences à des journalistes dans le livre "Un président ne devrait pas dire ça".
De nombreux politiques réagissent encore. La droite dénonce l'attitude du chef de l'État et estime qu'il abaisse la fonction présidentielle, ses fidèles eux ont du mal à cacher leur gêne.
"C'est humiliant pour la France", dénonce le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde sur RTL. "C'est invraisemblable. Il est tellement normal qu'il voulait pendant tout son quinquennat s'admirer d'être devenu président". Lagarde dénonce le fait que le président ait accordé autant d'heures à se confier à des journalistes : "Mille heures de discussion pour parler de lui ? Mais où va la France ?".
Le centriste finit par s'adresser directement à François Hollande : "Vous êtes président de la France, pas de vous, pas de votre miroir, de la France". "Ses 5 ans à l'Elysée, c'est une longue psychanalyse", conclut-il.
Invité de Radio Classique, le président les Républicains du Sénat Gérard Larcher, estime que "l'horizon de François Hollande est plus proche du miroir derrière le zinc que du ciel". "Peu m'importe ses confidences, ajoute-t-il, mais on s'attaque à la place du président". Il qualifie François Hollande de "président des entretiens avec les journalistes".
"Ce n'est pas à la hauteur", juge le sénateur Jean-Pierre Raffarin sur BFMTV et RMC. "c'est inintelligent car c'est contre ses propres intérêts", "c'est tragique" et "c'est désespérant", martèle-t-il.
Interrogée sur France 2 sur les confessions accordées par François Hollande, la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, a tenté rapidement d'évacuer ce sujet embarrassant pour la majorité. "Comme j'ai eu l'occasion de le dire souvent, je suis entièrement consacrée à ma tâche".
"Il faut que le débat politique reprenne de la hauteur. Que ce soit aux États-Unis, en France, les grandes démocraties sont regardées par le reste du monde", insiste Ségolène Royal qui n'entend pas en dire davantage sur le livre.
Le premier président, Bertrand Louvel, et le procureur général près de la Cour de cassation, Jean-Claude Marin (deux plus hauts magistrats de France), dénoncent une "humiliation" et des "outrances", jeudi 13 octobre, après les propos de François Hollande sur la "lâcheté" des juges.
Dans le livre Un Président ne devrait pas dire ça..., les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet rapportent des déclarations très critiques tenues par le chef de l'État sur la justice. Ce dernier la qualifie "d'institution de lâcheté".
Dans cet ouvrage, le président compatit d'abord avec les ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy. Évoquant la géolocalisation par les juges de ses téléphones, il déclare : "S'il n'y a rien dans le dossier, c'est choquant, c'est vrai.
C'est hélas le comportement de la justice", tranche-t-il. Puis il poursuit : "Cette institution, qui est une institution de lâcheté... Parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique..."
François Hollande évoque le cas de Nicolas Sarkozy dans des propos qui laissent transparaître l'animosité qui règne entre les deux hommes. "C'est le petit De Gaulle. On a eu Napoléon le petit, eh bien là, ce serait De Gaulle le petit."
"Je pense qu'il y a trop d'arrivées, d'immigration qui ne devrait pas être là", lâche François Hollande. Il évoque aussi la question de l'islam. "Il y a un problème avec l'islam, parce que l'islam demande des lieux, des reconnaissances. Ce n'est pas l'islam qui pose un problème dans le sens où ça serait une religion qui serait dangereuse en elle-même, mais parce qu'elle veut s'affirmer comme une religion dans la République".
Et il lance cette petite phrase, très commentée : "La femme voilée d'aujourd'hui sera la Marianne de demain. Parce que d'une certaine façon, si on arrive à lui offrir les conditions de son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l'être, capable de porter un idéal".
"J'aimerais que l'on dise de moi, puisque c'est la vérité, que j'ai été courageux", déclare François Hollande. "Je n'ai pas peur de perdre en 2017. Je n'aurai pas de frustration et je n'en voudrai pas aux Français".
François Hollande évoque le football et l'équipe de France. "Il n’y a pas d’attachement à cette équipe de France. Il y a les gars des cités, sans références, sans valeurs, partis trop tôt de la France", déclarait-il alors. Il donnerait bien à certains joueurs des leçons de "musculation du cerveau". "Ils sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation", souligne-t-il.
Ségolène Royal? "Celle qui me connaît le mieux", "celle dont je suis le plus proche". Quand elle participe à son premier Conseil des ministres, le 4 avril 2014, "elle était heureuse, émue, on a échangé un regard, voilà, c'est une belle histoire", déclare le Président.
Valérie Trierweiler? "L'obsession de Valérie, ce n'était pas Julie (Gayet) ou une autre, c'était Ségolène". "Elle n'était jamais rassurée. Parce qu'elle pensait toujours que Ségolène allait revenir". Leur rupture a été "le pire moment personnel du quinquennat", poursuit-il. Le livre Merci pour ce moment "n'était pas un acte malveillant, mais l'acte d'une femme malheureuse". Il n'a en revanche pas digéré l'expression "sans-dents", même s'il a bien employé ces mots : "Je lui ai dit : je vois les gens qui viennent vers moi dans les manifestations, ce sont des pauvres, ils sont sans dents". "C'est odieux, c'est une trahison. Quand je dis : j'aime les gens, c'est vrai".
Quant à Julie Gayet, "elle souffre de cette situation, elle est demandeuse de le faire (officialiser leur relation). Ça brûle". Mais lui refuse pour l'instant, "y compris pour le second quinquennat".
Dans un courrier envoyé, vendredi 14 octobre, au Conseil supérieur de la magistrature, François Hollande "regrette profondément ce qui a été ressenti comme une blessure par les magistrats".
Pour éteindre la polémique, le président de la République écrit dans son courrier que les propos publiés dans le livre "sont sans rapport avec la réalité de ma pensée comme avec la ligne de conduite et d'action que je me suis fixée comme président de la République, garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire".
Il ajoute : "Je regrette profondément ce qui a été ressenti comme une blessure par les magistrats dont je mesure, chaque jour, le courage et le dévouement dans la mission difficile qui est la leur". Une journaliste de France Inter a tweeté la teneur de la lettre :