Saad Rajraji 27 ans et Charaf-Din Aberouz 29 ans, deux proches de Larossi Abballa, le djihadiste qui a tué un policier et sa compagne dans les Yvelines lundi 13 juin, ont été mis en examen samedi 18 juin par les juges antiterroristes et écroués dans l'enquête sur cette nouvelle attaque en France au nom de Daech.
Mis en garde à vue depuis mardi matin, les deux hommes sont connus de l'antiterrorisme français. Ils avaient été condamnés avec Larossi Abballa en septembre 2013, à cinq ans de prison, pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes" dans le dossier d’une filière d’acheminement de djihadistes vers les zones tribales pakistano-afghanes du Waziristan.
Larossi Abballa avait également été condamné à trois ans de prison dans le cadre de cette affaire.
Après ce double assassinat de policiers, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire, notamment pour "assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique et complicité" et "séquestration d'un mineur de moins de 15 ans", en lien avec une entreprise "terroriste".
Les deux hommes ont été mis en examen, mais pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle, les juges ne retenant pas à ce stade une complicité directe dans le double assassinat. Comme l'avait requis le parquet de Paris, ils ont été placés en détention provisoire.
La garde à vue d'un troisième homme de 24 ans a été levée sans poursuite à ce stade de l'enquête.
Lundi 13 juin, après 20 heures, Larossi Abballa, 25 ans, a tué à coups de couteau Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police adjoint du commissariat des Mureaux, devant son pavillon à Magnanville, près de Paris.
Il a ensuite séquestré à l'intérieur de la maison sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, qu'il a égorgée, et leur petit garçon de trois ans, retrouvé dans un état de "sidération".
Larossi Abballa, qui a déclaré avoir prêté allégeance à Daech, a été tué par les policiers d'élite du Raid. Ces mêmes policiers ont ainsi pu sauver la vie du petit Mathieu.
Les enquêteurs ont retrouvé sur les lieux une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions (des rappeurs, des journalistes et des policiers). Ce document a été laissé par le tueur. "Trois téléphones, trois couteaux et un, en particulier, ensanglanté et posé sur la table", ont aussi été découverts.
Daech qui exhorte fréquemment ses partisans à tuer des policiers et des militaires dans les pays de la coalition engagée contre ses positions en Syrie et en Irak, a revendiqué ce double homicide.
De son côté, Larossi Abballa a revendiqué l’attaque dans une vidéo publiée sur un compte Facebook. Il y proférait également des menaces contre l’Euro de football, contre les maires et les députés, ainsi que contre plusieurs personnalités.
L'homme faisait l’objet d’une fiche "S" pour "sûreté de l’Etat" émise en janvier par la Direction générale de la sécurité intérieure. Le procureur de la République de Paris a précisé qu’il avait été placé sur écoute par la justice, sans qu’une quelconque menace ait été décelée.
Samedi 18 juin, un millier de personnes se sont rassemblées à Mantes-la-Jolie, en hommage aux deux fonctionnaires.
Entre 2.500 personnes, selon la police, et 4.000 à 5.000, selon les organisateurs, ont participé ce dimanche 19 juin, à la marche organisée par les associations musulmanes de Mantes-la-Jolie (Yvelines) pour exprimer leur solidarité avec les forces de l'ordre six jours après le meurtre d’un couple de policiers.
Habitants de Nantes ou des communes environnantes, fidèles et scouts musulmans, mais aussi chrétiens, ont répondu à l’invitation des associations musulmanes de la ville.