Ils sont exaspérés et le font savoir. Les policiers français ont manifesté dans une soixantaine de villes en France ce mercredi, pour signifier leur lassitude d'être pris pour cible depuis plus de deux mois lors d'incidents en marge des rassemblements contre la loi Travail. La faute aux casseurs mais aussi, selon le syndicat majoritaire Alliance, au sentiment d'une "haine antiflics".
La police, applaudie après les attaques de janvier 2015, est aujourd'hui "usée" par l'état d'urgence instauré et prolongé depuis les attentats du 13 novembre. Alors que les manifestations se multiplient contre la réforme du code du Travail, les tensions se sont notamment cristallisées autour d'affiches d'un syndicat de la CGT épinglant les violences policières.
Si un sondage Odoxa a bien montré que 82% des Français ont une bonne opinion de leurs forces de l'ordre, le sentiment au sein des agents n'est pas le même: ils en appellent au "soutien" du gouvernement, auquel ils réclament la "fermeté" face aux "casseurs" qui les visent sans cesse.
"On peut comprendre que les forces de l'ordre soient un peu exaspérées", a admis le directeur général de la Police nationale, Jean-Marc Falcone sur Europe 1. Les policiers sont "soumis à une grosse pression" depuis les attentats de l'année dernière, alors qu'ils se font "agresser verbalement et physiquement" depuis l'opposition à la loi Travail.
Autour de ces manifestations dans chaque ville, des anonymes sont venus faire part de leur soutien avec des pancartes "j'aime ma police", "touche pas à nos flics" et autres "merci", comme à Marseille.
En marge de la manifestation des policiers, un groupe d'environ 300 personnes dénonçant les violences policières s'est également donné rendez-vous sur la place de la République à Paris. Une contre-manif, à l'appel du collectif "Urgence notre police assassine", qui avait pourtant été interdite par la préfecture de police en raisons de "troubles graves à l'ordre public".
Aux cris de "Flics, porcs, assassins" ou "Tout le monde déteste la police", ils ont été repoussés vers l'extérieur de la place par un imposant dispositif de sécurité, les forces de l'ordre tirant des gaz lacrymogènes.
C'est l'image choc des heurts du jour. Une voiture de police dans laquelle circulait deux agents a été incendiée par une quinzaine de casseurs au niveau du 91 quai de Valmy, dans le 10e arrondissement de Paris.
Légèrement blessés, les deux policiers, un homme et une femme, souffrent de contusions.
Quatre personnes ont été interpellées et placées en garde à vue dans la soirée. Deux sont âgés de 19 ans et un troisième de 21 ans. Un peu plus tôt dans la journée, une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris pour tentative d'homicide volontaire.
Alors que la voiture de police est coincée dans la circulation, un premier casseur brise la vitre de la porte du côté conducteur avec un coup de pied et commence à mettre des coups-de-poing à l'agent au volant qui se défend. Un autre individu lance un potelet sur le pare-brise.
un autre individu frappe le pare-brise avec une sorte de manche en plastique dur. Une autre personne vient frapper la lunette arrière avec un potelet et parvient à la briser. La voiture est une nouvelle fois coincée par la circulation et alors que l'individu avec un manche bleu continue de frapper, un autre met un objet incendiaire dans la voiture.
Le conducteur sort du véhicule et fait face à l'homme avec le manche bleu qui l'attaque. Après avoir esquivé les coups, l'adjoint de sécurité, qui a fait preuve tout au long de l'assaut d'un sang froid remarquable, s'éloigne avec sa collègue alors que la voiture prend feu. Elle finira carbonisée quelques minutes plus tard
EN IMAGES. "Epuisés et fatigués": les policiers manifestent dans toute la France
Après deux mois de tension et d'incidents en marge des manifestations contre la loi Travail, les forces de l'ordre ont exprimé ce mercredi leur "fatigue" face aux casseurs et face à un sentiment de