Manuel Valls a été accueilli dans une ambiance tendue ce lundi 29 février au Salon de l'agriculture, par des éleveurs soucieux de le sensibiliser à la grave crise du secteur, deux jours après l'inauguration ponctuée de sifflets et d'insultes du chef de l'Etat.
Le Premier ministre a lui aussi essuyé quelques huées et quolibets d'éleveurs désabusés, dans la partie des vaches laitières, après être arrivé bien avant l'ouverture aux visiteurs, avant 7 h, entouré d'un imposant service d'ordre.
"Vas te cacher. T'as rien compris petit zizi, tu vas pas changer l'Europe", a hurlé l'un d'eux. Un grand panneau avec une bâche noire avait été dressé, frappé du slogan : "Je suis le top de la qualité française mais ma passion ne suffit plus". "Vous êtes les pantins de l'Europe", a lancé François, éleveur dans l'Eure. "Ils sont là pour se pavaner mais ils n'ont aucun pouvoir et nous on crève".
Le Premier ministre lui a répondu sur le même ton : "On vient tous les ans. C'est toujours la même chose. Si on ne vient pas, on est des trouillards, si on vient, on vient se pavaner".
Manuel Valls a ajouté qu'après la visite la semaine passée du commissaire européen Phil Hogan, il y avait à Bruxelles aussi, "une prise de conscience de la gravité de la crise". Les éleveurs attendent "des prix rémunérateurs", il faut que le lait soit payé par les laiteries au minimum à 350 euros la tonne (35 centimes le litre contre 30 voire parfois 27 actuellement), et "pour bien réinvestir, il faudrait avoisiner les 400 euros", a expliqué José Baechler, un éleveur du Lot-et-Garonne.
Samedi, le président Hollande a annoncé que l'Etat devait "faire pression sur les distributeurs pour une vraie reconnaissance du travail de l'agriculteur". Il a annoncé vouloir modifier "avant l'été" la Loi de modernisation de l'économie (LME) adoptée en 2008, sous le quinquennat précédent, afin de garantir une meilleure protection du producteur, parent pauvre de ces négociations.
Pour les agriculteurs, la LME rebaptisée "Loi Leclerc", d'après les hyper et supermarchés du même nom, instaure la liberté de négociation des prix entre les centrales d'achat des grandes surfaces et leurs fournisseurs. Ce système permet aux premières d'imposer leurs prix et d'exiger des baisses qui pénalisent les producteurs.
Ces difficultés purement françaises, liées à l'extrême concentration des enseignes de grande distribution, défendues par quatre centrales d'achat, s'ajoutent à une crise plus conjoncturelle de surproduction, de baisse de la demande et d'embargo russe qui pèse pour ce dernier surtout sur les cours du porc.
Ambiance tendue pour la visite de Manuel Valls au Salon de l'agriculture
"Vous êtes les pantins de l'Europe", a notamment lancé un éleveur à Manuel Valls, lors de sa visite ce lundi 29 février au Salon de l'agriculture. Le Premier ministre a été accueilli dans un...