En un week-end, Louisa et Israé ont semé la panique dans toute la France. Les deux lycéennes de 16 et 15 ans, scolarisées en Haute-Savoie, ont quitté précipitamment leur lycée vendredi et ont disparu pendant 48 heures. Selon la gendarmerie nationale, qui a lancé un appel à témoin, les deux amies sont "radicalisées".
La gendarmerie a annoncé la nouvelle ce dimanche un peu avant minuit. Israé, l'une des deux adolescentes de Haute-Savoie soupçonnées de vouloir partir en Syrie, est finalement rentrée à son tour dans sa famille, saine et sauve.
Louisa, l'autre lycéenne qui l'accompagnait dans sa fugue, était rentrée chez elle un peu plus tôt dans la journée, dans l’agglomération d'Annecy, en Haute-Savoie. Le père de la jeune fille de 16 ans avait indiqué à France 2 que sa fille était rentrée au domicile familial. "Elle a vu sa mère à la télévision et elle a laissé tomber sa copine", avait-t-il confié. La gendarmerie nationale avait confirmé l'information.
"Ses parents ont alerté la gendarmerie pour dire qu'elle est rentrée vers 16 heures", avait indiqué un peu plus tard le parquet, précisant que Louisa, "apparemment en bonne santé", était entendue par les enquêteurs. Elle était soupçonnée d'avoir voulu rejoindre la Syrie, en compagnie de son amie Israé.
Aucune précision n’a été donnée sur le périple des deux jeunes filles, ni sur la manière dont elles ont regagné leurs domiciles. "Des investigations sont en cours", a indiqué le parquet au "Dauphiné Libéré»". Selon France 2, elles ont passé leurs 48 heures de fugue dans la région de Chambéry (Savoie).
Le parquet soupçonnait les deux mineures "d'être parties ou de vouloir partir en Syrie" et évoquait leur "projet de prendre un train pour Paris depuis Chambéry". Israé était déjà suivie pour radicalisation et avait été placée en foyer, avec "interdiction de sortie du territoire". Pareille mesure avait a été prise samedi pour Louisa.
"On ne sort pas facilement de cet engrenage (...) elle s'est fait embobiner", a déploré Nadia, la mère d'Israé, racontant comment, deux ans plus tôt, elle avait déjà rattrapé sa fille "in extremis" à la gare, "alors qu'elle voulait partir en Syrie" pour "aider les enfants et servir une bonne cause".
Israé a 15 ans et est née à Annemasse. Elle était suivie par le Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l'Islam (CPDSI), une association qui aide à déradicaliser les candidats au djihad. D'après sa présidente, Dounia Bouzar, la jeune femme était aussi sujette à de profonds troubles psychologiques. "Ils ont très vite décelé un fond dépressif, qui a été reconnu par Israé. Elle demandait elle-même une hospitalisation parce qu'elle avait 'trop envie de mourir', selon ses propres termes", souligne Dounia Bouzar auprès du Dauphiné Libéré.
Elle a 16 ans et est née à Annecy. Contrairement à Israé, Louisa n'était pas connue pour un quelconque basculement dans l'extrémisme religieux. "Il y a une erreur dans le communiqué de la gendarmerie, ils ont mis 'radicalisées au pluriel', déplore le procureur d'Annecy. Louisa n'a aucun antécédent judiciaire et on ne lui connaît pas la moindre once de début de radicalisation. On sait que c'est la meilleure amie d'Israé." La lycéenne pourrait avoir simplement fugué en raison de problèmes familiaux.
Sur France Info, la tante de Louisa décrit d'ailleurs une jeune fille qui "aime la vie" mais qui souffre "d'un-mal être lié à l'adolescence". Selon elle, sa nièce pourrait avoir été influencée par son amie.
Dimanche, la mère de Louisa avait supplié sa fille à la télévision : "Louisa, si tu nous entends, va dans la première gendarmerie, dans le premier poste de police que tu trouves et rentre à la maison." "On t'aime, tu nous manques Louisa", avait-elle martelé, persuadée que sa fille "n'a rien à voir là-dedans" et qu'elle "ne fait partie d'aucun réseau".
L'enquête se poursuit afin de déterminer précisément les raisons de leur fugue et de retracer leur parcours. "Il faudra une dizaine de jours pour comprendre, confronter les versions et les vérifier. Ce sont des adolescentes. On s'apercevra peut-être qu'il n'y a aucun lien avec la Syrie", prévient le procureur d'Annecy.
Les deux amies ne feront pas l'objet de poursuites judiciaires, aucune infraction n'ayant été commise. En revanche, elles vont bénéficier d'une aide psychologique.
Selon le ministère de l’Intérieur cité par Le Monde, quelque 867 adolescentes ont été signalées en France pour radicalisation. Les filles constituent la majorité (51 adolescentes) des 84 mineurs français présents en Syrie.
La Gendarmerie nationale a remercié les internautes sur Twitter pour leur mobilisation.