Les centrales frontalières, c’est le grand sujet d’inquiétude en Allemagne, qu’il s’agisse de Fessenheim, de Cattenom en Moselle, ou bien encore des centrales belges. Les Allemands, qui ont fait le choix de la sortie du nucléaire d’ici 2022, observent avec inquiétude le vieillissement des installations situées de l’autre côté de leur frontière, d'autant qu'ils n'ont aucune prise sur les choix de leurs voisins.
Pour Berlin, la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) est "trop vieille". Elle devrait être "fermée le plus vite possible", a déclaré le ministère de l'Environnement allemand, vendredi 4 mars. Par le passé, la ministre Barbara Hendricks avait déjà exprimé cette position à propos de Fessenheim, la plus vieille centrale du parc nucléaire français, revenue dans l'actualité en Allemagne après un incident survenu en 2014.
"Pour nous, il est très clair que Fessenheim est très vieille, trop vieille pour être encore en activité, a dit un porte-parole du ministère. La ministre demande que [la centrale] soit fermée le plus vite possible." Et de poursuivre : "Evidemment, un réacteur aussi âgé a beaucoup de problèmes techniques. Pour nous, des réacteurs aussi vieux représentent un risque sécuritaire". D'où, explique-t-il, "les inquiétudes des habitants des régions frontalières".
Deux médias allemands sont revenus vendredi sur un incident survenu en 2014 à Fessenheim, qui aurait été plus grave qu'annoncé. Le Süddeutsche Zeitung (en allemand) et la chaîne WDR évoquent cet incident qui avait provoqué l'arrêt d'un réacteur de la centrale. Leurs enquêtes dataillent une série de défaillances techniques et un "désordre" rarement atteint.
Néanmoins, aux yeux du ministère allemand de l'Environnement, chargé de la sécurité nucléaire, la France ne s'est rendue coupable d'aucun manquement dans ce cas particulier. Et la classification par les autorités françaises de l'incident en niveau 1 – sur une échelle qui en compte 8 – "était justifiée", selon l'Allemagne.
Pour EDF, le réacteur est "toujours resté sous contrôle des équipes de pilotage de la centrale qui ont suivi les procédures normales d'exploitation". Selon l'autorité de sûreté nucléaire, "la situation est restée sous contrôle". "La centrale n'a jamais été dans une situation qui aurait nécessité un arrêt d'urgence". Tout a été fait dans les règles lors de cet incident de 2014.
En septembre 2015, le gouvernement français a décidé de prolonger la durée de vie de la centrale alsacienne. Mais "nous n'avons aucune prise sur la durée de vie des centrales en France", reconnaissait à l'époque Barbara Hendricks. En pleine transition énergétique, l'Allemagne arrête progressivement ses propres réacteurs nucléaires, dont le dernier sera débranché en 2022.