Un an jour pour jour après l'attentat contre le journal Charlie Hebdo, la classe politique française est embourbée dans un débat "irréel" sur la déchéance de nationalité, qui est une mesure "symbolique" et "inefficace", déplore la presse française jeudi.
"Déchéance de nationalité, l'inutile confusion", affiche en une le quotidien La Croix, alertant dans son éditorial qu'il est urgent de "sortir d'un débat si mal engagé, devenu incompréhensible pour les Français".
"Imaginée comme une riposte symbolique", cette mesure visant les binationaux et que le Premier ministre Manuel Valls a exclu ce mercredi soir d'étendre à l'ensemble des Français, cache "pour partie une réelle impuissance à concevoir une prévention vraiment efficace", estime François Ernenwein dans le quotidien catholique la Croix.
"Cette polémique (...) est d’autant plus surréaliste que tous les responsables politiques s’accordent à reconnaître que la déchéance de nationalité est inefficace, c’est-à-dire sans effet sur les terroristes", s'étonne Jean-Pierre Bédéï dans La Dépêche du Midi.
"Personne ne conteste que les terroristes potentiels se fichent comme d’une guigne d’être privés de leurs droits civiques, déchus de leur nationalité, cloués au pilori ou coiffés d’un bonnet d’âne", abonde Bernard Maillard dans Le Républicain lorrain.
Pourtant, rappelle Guillaume Tabard dans Le Figaro, François Hollande avait réussi un "joli coup politique" : en reprenant après les attentats de novembre cette idée traditionnellement défendue par la droite dure.
Mais le chef de l'Etat s'est "vite enlisé dans un débat irréel (...), rendant indéchiffrable le reste du dispositif de protection du pays", regrette Nicolas Beytout dans L'Opinion.
"La gauche a pris la place de la droite dure, la droite dure est aplatie entre la gauche de droite et la droite très dure", écrit Sébastien Lacroix dans l'Union et l'Ardennais, "un an après, donc, rien n’est réglé, tout est chamboulé".
Pis, estime dans un entretien accordé à Libération l'historien Patrick Boucheron, "on est prêt à des extravagances juridiques inefficaces et dangereuses jusqu'à l’absurde pour organiser politiquement le déni de cette évidence : les assassins de janvier et de novembre 2015 sont français."
"Il ne reste que quelques mois au pouvoir en place pour laisser de côté les mesures symboliques", presse dans la Charente libre Jean-Louis Hervois.
Cependant, veut croire Patrick Apel-Muller de L'Humanité, "les protestations contre les discriminations portées par la déchéance de nationalité pour les binationaux" témoignent que "court toujours, en mille ruisselets, l’esprit de liberté, d’égalité et de fraternité" qui avait prévalu après la tuerie de Charlie Hebdo, il y a tout juste un an.
"Charlie Hebdo" : la presse déplore le débat sur la déchéance de nationalité
Un an jour pour jour après l'attentat contre le journal Charlie Hebdo, la classe politique française est embourbée dans un débat " irréel " sur la déchéance de nationalité, qui est une mesu...